Éditions La Digitale
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Voyage aux Forges d’Hennebont

Mémoires de 1860 à 1945

Gisèle Le Rouzic

« Voyage aux Forges d’Hennebont » est un livre de témoignages d’ouvriers ayant fabriqué des milliers de tonnes d’acier laminé, de pièces de fonte, de tôle, de fer blanc. Ce volume couvre la période de 1860 à 1945 : de la révolution industrielle à l’aube des « Trente glorieuses »; période inouïe riche en évènements, en drames.
Les forgerons du Morbihan seront certainement plus malheureux que le reste de la classe ouvrière française à la même époque. Les patrons surent profiter de la misère des campagnes, et d’une abondante population pour la prolétariser d’autant plus sauvagement qu’elle était ignorante professionnellement et syndicalement.
Ces prolétaires racontent leurs histoires, leurs vies de damnés : des journées de 12 heures, des cadences infernales, de dures conditions de travail, les salaires dérisoires, les vexations patronales, les accidents du travail en surnombre (19 000 entre 1909 et 1943) souvent mortels. De plus il faut ajouter la misère des bagnes industriels : la tuberculose et d’autres maladies professionnelles, la pauvreté de l’habitat, l’alcoolisme, le chômage, les renvois.
Ce chauffeur de train, ce marinier navigant sur le Blavet, des chauffeurs de four, un lamineur du Trio, un étameur, un imprimeur, les maçons des fours, un mécanicien, des femmes aussi (les pontonnières qui vont travailler remplaçant le mari mort au travail, afin de nourrir les enfants) racontent leur vie à l’usine et au village, leur conscience politique, leur combat solitaire et collectif.
L’antagonisme entre le travail salarié et le capital est là total, la lutte est âpre. Les ouvriers gagnent en 1903, perdent en 1906 après 100 jours de grève. De 1914 à 1918 Îes femmes travaillent pendant que les hommes se font broyer par l’acier. La paix revenue, dans les années 20 le patronat des Forges étouffera tout mouvement syndical.
Mais survient 1936, le Front Populaire ouvre une « ère nouvelle » :

« Il s’agit, après avoir toujours plié, tout subi, tout encaissé en silence pendant des mois et des années, d’oser enfin se redresser. Se tenir debout. Prendre la parole à son tour. Se sentir des hommes pendant quelques jours. »
Simone WEIL, Révolution prolétarienne, .

Comme partout, aux Forges on se dépensera sans compter: « grèves sur le tas », manifestations de masse, vie syndicale intense, fêtes, convivialité de toute la population des Forges, construction de la Maison du Peuple en 1937, les premières vacances !
Après 1938, c’est « le déclin » du Front Populaire, la guerre arrive, la defaite, les allemands occupent. Le pétainisme supprime toute vie syndicale et politique. Les éléments les plus conscients paieront chèrement le mouvement de 36 : arrestations, tortures, déportations. Pour d’autres ce sera le S.T.O. Pour tous de nouveau la misère.

Préface de Madeleine Rebérioux

48 pages iconographiques

ISBN : 
2 903383 12 x
Nombre de pages : 
360
Année de publication : 
Prix : 
16,77€ (épuisé)

Composé sur Linotype & imprimé sur les presses typographiques de l’imprimerie Cellier à Quimper, Finistère.